Mister est noir, pianiste de jazz et épris de vérité. Pendant plusieurs sets, au Dauphin Vert, le club où il officie chaque soir, son regard a croisé celui de Vera Nad, une jeune femme au visage d’ange… Mais voilà : un matin, le cadavre de Vera Nad, brûlé, a été découvert dans un entrepôt désaffecté. Pour la police, le meurtre de cette immigrée n’est que le dommage collatéral d’un règlement de comptes entre dealers. Mais pour Mister, le vrai coupable court toujours. Il décide, aidé de Bob, le chauffeur de taxi philosophe, de mette au jour la vérité…
Mister mène son enquête comme il improvise sur les touches blanches et noires. Il saisit le premier fil – et le seul… – qui peut le mener vers la vérité et le suit, obstinément. Il rencontre d’abord le professeur de théâtre de Véra puis une amie à elle qui elle-même, le mène vers un peintre à qui Véra a servi de modèle. Et ainsi de suite, comme on enchaîne les arpèges, Mister et Bob tentent de percer le secret de Vera Nad.
C’était une histoire de caves, finalement. Il y avait des caves où l’on écoutait Gershwin, il y avait des caves où l’on écoutait Racine et Brecht, il y avait celles où l’on écoutait grincer ses dents. De cave en cave. Ligne directrice tracée par la force des choses. On a les repères qu’on peut. Dans un monde qui ne cessait de tourner, elle s’accrochait à un point fixe. Elle restait dans son élément. C’était une histoire de sous-sols, de tombeaux, de rats, de rêves. Une affaire d’enfermement tout autant qu’une manière de s’évader. sauver sa peau et ses pensées.
Ce roman n’est pas vraiment un polar même si Mister et Bob mènent leur enquête. C’est plutôt une histoire de musique et d’amour, de poésie aussi mais où la réalité fait parfois d’atroces et barbares effractions, où le blanc n’existe pas sans le noir et inversement. Marcus Malte y distille des morceaux de jazz, des clins d’œil (Renato l’homo tendance histrionique qui sert au bar n’est pas sans rappeler celui de La Cage aux Folles…), des moments drôles (le tracteur) et d’autres beaucoup moins car bien vite, tous les fils mènent à la guerre des Balkans, une sale guerre de plus sur laquelle on s’est contenté de jeter quelques pelletées de terre avant de retourner se préoccuper d’argent, comme avant…
Ce roman agit insidieusement, comme la musique sur les cœurs. Il charme, on se laisse embarquer. On s’attache à Mister, oui, à Mister surtout, qui voudrait rester pur dans ce monde si sale. A Bob, son ami. Milosav et son grand-père centenaire. On suit cette bande improbable et parfois comique dans ces aventures qui n’en sont pas. La vie n’est pas loin, elle palpite. Les harmoniques, voilà le résultat de cette ballade nostalgique…
– Ce qui reste quand il ne reste rien, dit Mister. C’est ça, les harmoniques. Pratiquement imperceptibles à l’oreille humaine, et pourtant elles sont là, quelque part, elles existent.
Merci à Dialogues Croisés pour cette lecture!
Il faudra bien que je commence à lire Marcus Malte tôt ou tard, peut-être pas avec celui-ci, je ne suis pas très réceptive au jazz.
@ Aifelle : Tout le monde dit du bien de Garden of love…
J’avais adoré « Garden of love » !
J’ai très hâte de lire ce roman.
Merci pour ce commentaire.
À bientôt
@ Richard : je suis quasiment certaine que tu l’aimeras beaucoup! A bientôt!
Je n’ai plus rien lu depuis Garden of Love, alors que je m’étais promis de poursuivre ma découverte.
@ Manu : celui-ci m’a vraiment emportée dans sa musique et sa poésie…
tu vas réussir à me faire lire un polar en me disant que ce n’est pas un polar !
@ Gambadou : le mieux c’est d’y gouter pour savoir si tu aimes ou non! 😉
Bonjour et merci Gwenaelle pour cette présentation qui incite à lire ce livre. j’ai bien aimé ton passge : « Ce roman n’est pas vraiment un polar même si Mister et Bob mènent leur enquête. C’est plutôt une histoire de musique et d’amour, de poésie aussi mais où la réalité fait parfois d’atroces et barbares effractions, où le blanc n’existe pas sans le noir et inversement. » Bravo. A bientôt
@ David : Merci… je pense que c’est un livre qui pourrait te plaire!
Oh là là ! Ca a l’air bien ! Je note !
@ Marie : C’est bien!
Oui, je crois, il me changera. L’ambiance sera différente. J’aime bien changer des fois …Merci
Mais comment avais-je raté ce billet ! Tu parles très bien de ce roman, ce qui me fait trouver ma chronique très bof bof… 😉
@ Kathel : j’ai lu ta chronique, elle n’a rien de « bof-bof »… Ce livre est un charme qui agit… il n’y a qu’à se laisser porter! 😉