Jackson. Mississipi. 1962. Les lois sur la ségrégation sont ces barbelés qui empêchent noirs et blancs de se côtoyer autrement que dans un rapport de domination et qui blessent tous ceux qui voudraient y mettre fin. De part et d’autre, c’est la méfiance qui prévaut. Les blancs se méfient des noirs « porteurs de maladie » et les noirs se méfient des blancs qui ont quasiment droit de vie et de mort sur eux… Aussi, quand la jeune Skeeter, issue d’une famille de planteurs blancs, se met en tête d’écrire un livre sur les bonnes noires, en se plaçant de leur point de vue, il n’est pas étonnant qu’elle ne trouve aucune candidate prête à témoigner…
Néanmoins, à force d’obstination, elle finit par se rapprocher d’Aibileen, qui sert de bonne et de nurse chez son amie Elizabeth et de Minny. Peu à peu, un lien de confiance s’établit entre elles et Skeeter découvre l’envers d’un décor au sujet duquel elle ne s’était jamais posé de questions… Dans un contexte politique tendu, personne ne veut aborder ce sujet qui fâche et en le faisant, la jeune fille se fait peu à peu rejeter par toute la société blanche qui ne tient évidemment pas à voir remis en question son pouvoir…
Au-delà de ce lien d’amitié qui se créé et qui a été largement évoqué dans d’autres billets, j’ai apprécié plusieurs choses dans ce livre. Je vous les donne en vrac : l’amour et le dévouement d’Aibileen pour tous les petits blancs qu’elle élève et son espoir de voir la part d’éducation qu’elle leur donne porter un jour ses fruits, sa clairvoyance et sa sagesse; la colère bouillonnante de Minny, son humour et son courage pour affronter la vie; l’évocation de la lâcheté ordinaire, de la peur d’être rejeté du groupe, de la peur tout court parce qu’on est à la merci de quelques uns; l’envie, timide puis de plus en plus forte, de parler, de dire, de prendre enfin la parole pour raconter. Et ce livre, même s’il se présente sous la forme d’un roman, est avant tout un témoignage.
C’est un roman prenant, émouvant mais dans le fond – et c’est mon bémol – un peu trop lisse. Comme si rien ne devait accrocher lors de sa lecture. Comme si l’objectif ne pouvait être que le consensus. Pourtant, il y a matière à se poser de nombreuses questions, notamment au sujet du comportement de Skeeter qui ne semble jamais se rendre VRAIMENT compte de la situation et expose Aibileen et Minny à des représailles qu’elle est incapable d’imaginer. Par moments, ce personnage m’a agacée et je me suis demandé ce qui pourrait la faire sortir de son attitude soumise (vis à vis de sa mère, de ses amies, etc..). Heureusement, la fin ouvre des perspectives nouvelles et enfin, j’ai pu « respirer » avec elle… Il y a dans ce roman un côté gentil, comme un glaçage sur le gâteau et qui en gomme un peu le goût et la texture, qu’on aurait souhaitée plus rude et forte. Cela reste malgré tout une lecture très agréable…
D’autres avis : Sandrine, Fransoaz, Clara et Ys
La couleur des sentiments, Kathryn Stockett, Editions Jacqueline Chambon, 23€80, disponible à la médiathèque de DZ.
J’ai adoré!!!!!un immense coup de coeur !
Je ne l’ai pas trouvé lisse. Le personnage de Skeeter est tout à fait dans le contexte de l’époque. il y a l’influence de son éduction et la volonté de faire bouger les choses Et, elle sort de son carcan pour vraiment aider Aibileen et Minny.
Tu es dure !
@ Clara : en ce moment, je suis insupportable… 😉
idem que Clara !!!!!!!!!!!!!!
@ Sandrine : et avec encore plus de points d’exclamation! 😉 Dure? Bon, je l’admets… Mais c’est les années soixante quand même, pas le dix-neuvième siècle. Skeeter aurait pu être un peu plus punchy, peut-être un peu en avance sur sa génération… Avoir l’indignation plus vive et la révolte plus marquée…
Je suis d’accord avec Clara à propos de Skeeter … en la plaçant dans son contexte de l’époque et au vu de son éducation, je trouve déjà beau tout ce qu’elle a fait car il n’est jamais facile de sortir du « groupe », de s’opposer (et puis, je pense que les gens de la « bonne » société n’avaient aucune idée de certaines choses concernant les minorités) 🙂
Moi, je ne trouve pas du tout trop dure, car ce roman ne m’a pas séduite plus que cela, j’avais l’impression d’avoir, sur le sujet, lu plus marquant (et, surtout, je n’y ai pas cru, à l’histoire de Skeeter et de son livre).
@ Brize : je me sens moins seule maintenant… 😉
Avec ton petit bémol, tu exprime tout haut la crainte que j’avais émise tout bas à propos de ce livre… que j’ai tout de même acheté. Il ne me reste plus qu’à le lire pour savoir si cette crainte sera confirmée ou pas…
@ ICB : j’attendrai ton billet alors, pour savoir de quel côté tu penches… 😉
On se retrouve sur le côté lisse du roman. Et tu as raison de souligner que le personnage d’Aibileen est vraiment réussi, son amour pour les petits Blancs qu’elle élève est vraiment bien rendu.
@ Ys : Minny et Aibileen sont deux magnifiques portraits de femmes…
ClaudiaLucia a été encore plus critique que toi, alors tu vois tu n’es pas la seule. Je ne l’ai pas encore lu, çà viendra, sans urgence.
@ Aifelle : d’abord, les vacances! 😀
Je l’ai lu aussi (et en VO, yes!) je trouvais aussi que Skeeter ne se rendait pas vraiment compte des gros risques que couraient les deux bonnes.
Ceci étant, pour elle, on voudrait qu’elle soit plus rebelle, mais on est quand même dans les années 60, et rien que quitter son sud, c’était déjà assez fort!
@ Keisha : moi aussi je l’ai en VO dans ma bibli mais c’est en poche et écrit si petit que mes vieux yeux renâclent… C’est vrai que le Sud des EU, c’est quelque chose! En sortir, c’est déjà bien…
Comme Aifelle, je le lirai, mais cela risque d’être à sa sortie en poche, au train où ça va… 😉
@ Kathel : un train fou et qui n’a plus de conducteur! 😉
J’ai ce bouquin dans ma pal depuis un moment, après avoir lu tout un tas de critique très enthousiaste.
@ Océane : c’est une belle histoire… je pense que les personnages des bonnes te plairont!
Je le lis bientôt et je suis soulagée que des avis plus mitigés commencent à arriver,mettant la barre moins haut 😉
@ Manu : j’attends ton billet alors!
Ce livre me paraît un incontournable. Il est donc noté et surligné. Pour ce qui est du côté trop lisse, on verra. Parfois ça m’agace, d’autres fois j’apprécie car j’ai besoin d’une pause dans ce monde de brutes…
@ Sylire : c’est une lecture-plaisir, avec un contexte très intéressant… Tu as raison, il faut aussi savoir se laisser porter…
Qu’est ce que j’ai pu aimé ce roman !
@ Béné : et tu n’es pas la seule! 😉
Je n’ose plus trop dire ce que j’en pense! J’ai peur de fâcher! Mais en gros voir le commentaire de Brize.
@ Claudialucia : on ne va pas se fâcher pour si peu… tu penses! Tu peux dire ce que tu veux! 🙂