Vernon Subutex

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J’avais vu plusieurs fois passer entre mes mains certains romans de Virginie Despentes sans parvenir à arrêter mon choix sur aucun. Pourtant, j’avais bien envie de découvrir le style de cette auteure « dissonante » dans le paysage littéraire français. C’est une interview récente dans le journal Le Monde qui m’a fait franchir le pas. J’ai acheté le premier volume de la trilogie Vernon Subutex.

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Vernon Subutex était disquaire. La révolution numérique qui a profondément transformé l’industrie du disque l’a amené à fermer boutique. Sans boulot, sans revenus, et sans réelle envie de s’en sortir non plus, l’homme a peu à peu glissé vers la pauvreté. Tant qu’un de ses amis – Alex Bleach, chanteur à succès – pouvait l’aider à payer son loyer, tout tenait encore à peu près, mais voilà, Alex Bleach est mort et Vernon Subutex est expulsé de chez lui. Tant bien que mal, il trouve ici et là une connaissance pour le dépanner, jusqu’au jour où il se retrouve à la rue.

La dégringolade sociale de Vernon est l’occasion pour l’auteure multiplier les personnages dans la nébuleuse Subutex et de dresser quelques portraits au vitriol. Dans notre société de consommateurs de masse, l’argent n’aime rien tant que frôler le sordide. La plume sans concession de Despentes atteint son but, mais l’histoire, de digression en digression, se dilue peu à peu. J’avoue m’être un peu perdue dans la galerie de personnages qui de près ou de loin entourent Vernon Subutex.

Jeff a passé la soirée à le narguer, avec son air sympa. Xavier a tenu le coup. Il a écouté les intellectuels du cinéma français s’autocongratuler sur la qualité de leurs œuvres, se réjouir de se retrouver à Cannes. Cannes, se disait Xavier, c’est la fête de la saucisse avec des putes en Louboutin. Tous à dégueuler leur caviar, le nez plein de coke, après avoir récompensé le cinéma roumain. Les intellos de gauche adorent les Roms, parce qu’on les voit beaucoup souffrir sans jamais les entendre parler. Des victimes adorables.

A la fin de ce premier tome, je me trouve face à un dilemme : d’un côté, je trouve le propos et le style de l’auteure toniques et positivement dérangeants, de l’autre j’ai l’impression d’avoir perdu le fil de l’histoire. Vous qui êtes peut-être allés au bout des trois tomes, que me conseillez-vous? Abandonner ou m’accrocher?

Vernon Subutex, Virginie Despentes, Le livre de Poche.

10 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. aifelle dit :

    Je lis ton billet en diagonale ; je vais bientôt le commencer pour une lecture commune le 21 Août. Si j’en crois les nombreux billets lus sur cette trilogie, il faut continuer 😉

    1. Gwenaëlle dit :

      Bon, alors je vais peut-être m’accrocher!

  2. manika27 dit :

    perso je suis fan de Virginie Despentes mais je te comprends il y a beaucoup de personnages et on perd un peu de vue Vernon, je viens de finir le 2de tome, et je ne regrette pas malgré tous les avis mitigés lus sur la blogo.

    1. Gwenaëlle dit :

      Pour le moment, la balance penche pour continuer… 🙂

  3. keisha41 dit :

    Continue, même si oui, finalement, on n’arrive pas à suivre certains fils, tiens je me demande ce qu’est devenue la cassette (il y a bien une cassette?). Tu as aimé le propos et le style, alors vas y!

  4. noukette dit :

    Impossible de te répondre, ce premier tome est toujours sur mes étagères… Bien envie de tenter l’aventure tout de même 😉

    1. Gwenaëlle dit :

      Ah, je vois… 😉 Si je me fie aux autres avis, il faut continuer…

  5. sous les galets dit :

    Je pense que beaucoup vont te motiver à continuer, les critiques sur cette trilogie sont excellentes dans l’ensemble (en tous cas chez ceux que je suis). Comme je le disais chez un autre blogueur, je n’arrive pas à m’y mettre sans doute pour une question d’esthétique: le glauque, le sordide, la déchéance etc…jusqu’à même le nom du personnage principal, je crois qu’il me manquerait un peu de poésie sans doute. Mais j’ai peut-être tort. Mais vu que tu parles d’un certain éparpillement quand même, je crains de passer mon tour.

    1. Gwenaëlle dit :

      C’est vrai, il y a aussi ce côté très noir et désespéré, ce regard sans complaisance sur une certaine partie de la société qui rend la lecture âpre par moments. Il faut avoir envie de lire ce genre de choses…

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