Autorisation de pratiquer la course à pied

IMG_20130407_105357Franck Courtès est photographe. Un beau jour, il s’est mis à écrire. Et ce recueil de nouvelles est né.

D’une écriture nerveuse et sans temps mort, l’auteur raconte la vie de ce milieu qu’il connait bien, bourgeois-bohème, où l’on rêve de dire « merde » à – en vrac – son patron, les cons, sa femme; où l’on va décompresser le week-end dans des maisons de campagne qui sentent la vieille botte en caoutchouc et l’alcool de prune; où l’on rêve d’être cet homme qui aurait su concilier amour et liberté…

Mais si l’eau de l’aquarium semble connue, voire convenue, les poissons qui y évoluent, eux, réservent toujours une surprise. L’auteur a en effet voulu introduire à chaque fois un détail, un évènement inattendu, un virage qui fait basculer l’histoire dans une autre dimension et la mène vers une chute qui surprend, désarçonne.

Et puis au-delà de l’anecdote parisiano-centrée (bon, d’accord, on va aussi se balader un peu dans la Marne mais il faut bien avouer que tout cela est très parisien…), émerge une figure, en la personne de Romain, qu’on retrouve au fil de diverses nouvelles. Romain est, à mon sens, le frère jumeau de l’auteur. Comme si ce dernier avait, sans forcément le vouloir, sans en être conscient, laissé son portrait se révéler au fil des mots, la littérature étant cette fois le bain où il trempe son auto-portrait.

Romain est un quadragénaire qui ressemble comme deux gouttes d’eau à ceux que l’on connait, que l’on croise, avec qui on partage dîners arrosés et balades dégrisantes. Un homme attachant, touchant, qui cherche à ne plus subir son passé sans y arriver vraiment, qui voudrait aimer toutes les femmes (du moins celles qui sont à son goût), un être qui chérit sa liberté mais sait que lundi matin, il faudra retourner bosser… Les sujets abordés sont le miroir fidèle de notre société : le dépassement de soi, la culpabilité, l’arrogance des puissants, la solitude, le handicap, la précocité intellectuelle, le racisme, les pratiques sexuelles…

S’il y a quelques baisses de régime – Chevaline, notamment, qui m’a laissée dubitative – l’ensemble mérite le détour. Une plume singulière, un regard décalé qui trouveront forcément des échos en vous.

Autorisation de pratiquer la course à pied et autres échappées, Franck Courtès, JC Lattès. 

Une présentation du recueil par son auteur.

11 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Asphodèle dit :

    Ha ces bobos ! Mais pourquoi pas… ton billet est plein d’humour et la tendresse que tu accordes à ce livre me fait le noter, arrgh, vilaine !!! 😉

    1. Gwenaëlle dit :

      Ah, heureusement que tu passes par ici toi! Je me sentais un peu seule sur ce coup-là… Mon livre peut passer la Loire si ça te dit.

      1. Asphodèle dit :

        Oui mais que se passe-t-il ce matin ? Ils dorment encore tu crois ? Je parle des billets de lecture ! Je te remercie, je dirais bien oui mais pas avant juin car je suis débordée par les SP, j’en ai trois à qui je n’ai pas encore dit oui, le LDP qui m’en envoie 2 ce mois-ci, d’autres en retard, donc ce ne serait pas raisonnable dans l’immédiat ! Tout dépend du nombre de pages, je ne m’en sors pas des pavés depuis janvier !!!! J’aime aussi mais j’avoue que j’apprécierais une histoire courte qui m’emballe !!! 🙂

      2. In Cold Blog dit :

        Ce ne serait pas ça, la fameuse « Solitude du coureur de fond » ? 😉

      3. Gwenaëlle dit :

        @ ICB : fais le malin, toi… 😉

  2. gambadou dit :

    Dis donc vous êtes en forme !

    1. Gwenaëlle dit :

      C’est parce qu’on se sent seuls au monde… On se réchauffe comme on peut! 😉

  3. ohoceane dit :

    je sens que je vais faire l’impasse, malgré ton indulgence 🙂

    1. Gwenaëlle dit :

      @ Océane : bon, j’aurai essayé au moins…

  4. lucie dit :

    il m’a tenté à la grande librairie, je le note malgré ton bémol qui est vrai de beaucoup de recueil de nouvelles.

    1. Gwenaëlle dit :

      @ Lucie : c’est une bonne lecture!

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