La couleur de l’eau

Drôle de rencontre dans le Londres contemporain.

livre_galerie_278Dave, vigile dans un grand magasin de luxe, surprend un jour Alena alors qu’elle s’apprête à sortir avec des chaussures volées. De toute évidence, il devrait appeler la police, mais il ne le fait pas, et laisse repartir la voleuse qui, d’une manière étrange, l’a impressionnée. Le soir même, à l’heure où il débauche, il croise de nouveau la jeune Russe qui l’attendait pour le remercier. Commence alors entre eux une relation chaotique. D’une part parce qu’ils peinent à se comprendre, d’autre part parce que chacun traine derrière lui un passé lourd et plutôt handicapant. Alena, la tête pleine de rêves de réussite, s’est trouvée prise dans un réseau de prostitution. Dave, fils trop obéissant, est allé de renoncement en renoncement, par fidélité envers sa mère.

Les deux protagonistes se rapprochent, s’apprivoisent peu à peu, mais à la manière de petits animaux qui évitent les zones sensibles. Evidemment, un jour, leur passé les rattrape…

L’ouvrage de Kerry Hudson a ensoleillé mon été (et il en avait besoin!). J’ai tout aimé dans ce livre : le style, les personnages, l’ancrage profond dans un réel justement restitué, l’analyse sociale sous-jacente. Une fois embarqué, on ne lâche plus ce roman qui sait débusquer la beauté derrière l’apparente laideur du monde moderne. Tout y est traité avec une grande finesse et beaucoup de justesse, et contribue à faire de La couleur de l’eau une histoire qu’on n’est pas près d’oublier.

Extrait

Elle fronça un peu les sourcils parce qu’elle n’avait pas entendu et il fut contraint de se rapprocher. Il sentit alors ses cheveux: citron. Elle le regarda comme s’il était une addition qu’elle essayait de faire, et il se trouva si désarmé qu’il secoua la tête et ne dit rien, restant planté là comme un animal stupide au milieu de la circulation et des touristes. Il était si proche d’elle qu’il aurait pu l’embrasser, mais il voulait juste approcher de nouveau le visage de ses cheveux. Sa langue avait oublié tous les mots qu’il connaissait. Elle changea de nouveau d’expression; elle prit un air bizarre et apeuré comme si elle avait terminé son addition et que le résultat ne fût pas du tout celui escompté. Le cœur de Dave cognait contre ses côtes et tombait dans les semelles de ses chaussures.

La couleur de l’eau, Kerry Hudson, éditions Philippe Rey. 

18 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. keisha dit :

    Rien à faire, je me suis ennuyée quasiment du début à la fin (oui, j’ai tout lu!), certains passages allaient mieux, oui. Hélas je suis complètement passée à côté, j’en suis fort marrie car j’ai lu des billets ravis (allez, j’ajoute le tien en lien)

    1. @ Keisha : oui, j’avais vu dans un commentaire que tu peinais… C’est vraiment dommage. Ce n’était peut-être pas le bon moment…

  2. anne7500 dit :

    Ton billet est encore plus alléchant que celui d’Antigone…

    1. @ Anne : je suis vraiment tombée sous le charme. Que veux-tu, les histoires d’amour… 😉

  3. folavrilivres dit :

    ton billet fait envie, je le note!

    1. @ Folavrilivres : tant mieux! 🙂

  4. Aifelle dit :

    Je l’ai déjà noté, tu confirmes donc ; je ne vais pas m’attarder sur les impressions de Keisha 😉

    1. J’aimerais bien qu’il te plaise!

  5. Yv dit :

    Une lecture estivale ? Bon, l’été à l’air de s’être absenté par ici…

    1. Il a carrément disparu, corps et âme, tu veux dire… 😰

  6. Philippe dit :

    Bonjour Gwenaëlle,
    J’ai découvert Kerry Hudson au travers de son roman précédent « Tony Hogan m’a payé un icecream soda avant de me piquer maman ». J’ai adoré. Autant dire que je ne vais pas rater celui là si, en plus, il n’est pas avare de soleil 😉
    Bon we à toi,
    Philippe

    1. Je n’ai pas lu cette première traduction, mais je compte bien le faire. Je sens que c’est une auteure que je vais suivre! Bon week-end également!

  7. lorouge dit :

    Tu es la première à me donner très envie de le lire, j’ai repéré aussi la sortie poche de son premier ; Tony Hogan m’a payé un Icecream… Je le retiens :0) Belle rentrée à toi

    1. @ L’or rouge : moi aussi j’ai envie de lire le premier maintenant!

  8. Leiloona dit :

    Il va falloir me faire mon propre avis, entre le tien, celui d’Antigone et celui de Keisha. J’aime bien la couv’, déjà, c’est un bon début ! 🙂

    1. @ Leiloona : c’est vrai qu’une bonne couverture, ça peut faire beaucoup!

Votre mot à dire?