La splendeur dans l’herbe

Si Sybil et Homer se rencontrent, c’est parce que Giovanni, le mari de Sybil, est parti avec Emmanuelle, la compagne d’Homer. C’est sur ce socle improbable que se bâtit peu à peu leur relation. Parce qu’ils se découvrent, en effet, un goût commun pour la conversation, et éprouvent le besoin de s’épauler mutuellement dans l’épreuve qu’ils traversent, ils décident de se revoir.

Au fil de leurs rencontres, qui se produisent souvent dans la maison seine-et-marnaise de Sybil, ils apprennent à se connaître peu à peu. A force de discussions, un lien les unit de plus en plus profondément, mais l’amour qui devrait en surgir est sans cesse contrarié par les atermoiements d’Homer, qui se montre tout à la fois maladroit et velléitaire. Toujours en décalage entre l’émotion ressentie et la conscience de cette émotion, Homer n’en finit pas de rater les occasions qui pourraient le rapprocher de Sybil.

splendeur-dans-herbe« La splendeur dans l’herbe » est un roman à contre-courant de notre époque actuelle, saturée d’activités et de liaisons éphémères. Là, dans la campagne ou dans le jardin qui jouxte la maison, Sybil et Homer laissent planer les silences et leurs érotiques vibrations. C’est par la voix, par les mots, mais aussi les frôlements et les gestes suspendus, que peu à peu ils s’apprivoisent, et se tournent autour, tels deux animaux en pleine parade pré-nuptiale. Le temps s’alanguit, sous le soleil de l’été. L’amour prend le temps de se faire désirer.

Entre leurs rencontres, Patrick Lapeyre insère des moments de la vie d’Ana, la mère d’Homer, ainsi que des dialogues entre Homer et des collègues de travail. L’ensemble forme une histoire étonnante, originale et pleine de charme, avec des perspectives sur lesquelles on a envie de revenir, une fois le livre terminé. Un moment de lecture, fragile comme de la dentelle, sensible et empreint d’une belle humanité. J’ai été conquise.

La splendeur dans l’herbe, Patrick Lapeyre, POL

Extrait

Tandis qu’elle lui parlait et qu’étendu dans l’herbe Homer écoutait attentivement sa voix toute voilée – qu’il trouvait tellement suggestive -, la mystérieuse alchimie de la situation fit qu’il se surprit soudain à imaginer son autre voix, cachée sous la première… Non plus sa voix sociale, mais sa voix secrète et nocturne (il l’entendait presque) au moment où le voile se déchirait.

Après, il eut évidemment honte de nourrir de telles pensées en face d’une femme qui, en toute confiance, lui racontait ce qu’elle lui racontait… Mais d’un autre côté, il venait de découvrir qu’il était capable de la désirer et que leur relation était peut-être plus forte et plus compliquée qu’il ne l’avait supposé.

8 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. aifelle dit :

    Je n’ai pas lu cet auteur. Je ne suis pas excessivement tentée.

    1. @ Aifelle : bon, tant pis, je n’ai pas été assez convaincante, alors… 🙂

  2. sylire dit :

    Moi, je suis tentée mais c’est curieux, j’ai imaginé un film en lisant ton billet.

    1. S’il te tente, tu sais où le trouver, hein… Oui, on pourrait en faire un film sans problème, je crois!

  3. Valérie dit :

    Je n’ai lu de lui que le roman qui avait eu le prix Femina. J’avais été tellement déçue que ça m’a un peu vaccinée.

    1. La vie est brève et le désir sans fin… C’est celui dont tu parles? Je l’avais lu aussi, et avais été très déçue. Heureusement, j’avais oublié son nom au moment d’acheter celui-ci. Je n’ai fait le lien qu’après. Si ça peut te rassurer, cette Splendeur dans l’herbe m’a semblé bien plus aboutie, et sans ce côté « vain » qu’avait l’autre.

  4. ohoceane dit :

    Je suis très tentée de le découvrir, j’aime la douceur et la lenteur qui se dégage de ces brins d’herbe.

    1. C’est une histoire qui a beaucoup de charme, et qui cultive la lenteur… Ce qui est appréciable dans ce monde qui va trop vite.

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