Ça aussi, ça passera

Blanca, quarante ans, vient de perdre sa mère et ne s’en remet pas. Accompagnée de ses enfants, de ses amies et de ses ex-maris, elle part à Cadaquès, dans la villa familiale, passer l’été et faire son deuil. Sous le soleil brûlant de l’Espagne, elle passe de bras en bras, fume, boit, et essaie de sortir de son chagrin en assenant quelques phrases définitives sur la vie. Des phrases de ce genre-là :

Il y a des hommes qui n’ont pas de radar sexuel, ou qui ne s’en servent pratiquement jamais, seulement lorsqu’ils en ont besoin, et ensuite ils l’éteignent. D’autres qui le gardent branché en permanence, même pendant le sommeil, dans la queue du supermarché, devant un écran d’ordinateur, dans la salle d’attente du dentiste, tournant sur lui-même follement, émettant et recevant des ondes. La civilisation survit grâce aux premiers, le monde grâce aux seconds.

Alors oui, c’est drôle, parfois bien vu, mais le personnage de Blanca, en quadra immature, incapable de vivre sans sa « môman » dévoile très vite sa totale superficialité. Elle veut qu’on l’aime. Oui, d’accord, on en est tous là, non? Mais après? Ben, après, rien. Elle picole, se drogue, baise et quand c’est fini, elle ne pense qu’à recommencer. Elle aime tout le monde, mais surtout elle-même, et ne parvient pas à envisager autre chose que ce statut de petite fille qui lui colle à la peau.

En général, je crois qu’il est préférable d’en savoir le moins possible sur les gens. De toute façon, tôt ou tard, ils se montrent tels qu’ils sont, il suffit d’attendre, et de garder les yeux et les oreilles grands ouverts.

ca-aussiAinsi parle Blanca à la page 36, et cette règle, si elle est valable pour les gens, l’est également pour les romans. Très vite, le livre de Milena Busquets dévoile ce qu’il est réellement : un roman plus creux que léger, s’adressant à cette génération qui ne fonctionne qu’à l’émotion et emblématique d’une littérature vite consommée, vite oubliée.

Espérons que ça aussi, ça passera…

Ça aussi, ça passera, Milena Busquets, Gallimard. 

Sur ce coup-là, je joue les vilains petits canards puisqu’il semble que ce roman en ait enchanté plus d’une : L’irrégulière, Clara, Noukette

18 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Aifelle dit :

    J’ai lu un autre avis négatif ces jours-ci, je ne sais plus où. Je n’étais déjà pas très tentée, là je laisse tomber.

    1. De toute façon, on ne fait pas partie de la génération concernée ! 😜

  2. Yv dit :

    A fuir donc… Je fuis

  3. kathel2 dit :

    Il m’avait tenté à sa sortie, sans doute par une bonne campagne de pub, mais j’avais quelques doutes et là, je le barre carrément ! 😉

    1. Carrément… Tu me diras, j’ai bien failli le lâcher aussi.

  4. anne7500 dit :

    Conquise par ta conclusion sur le « vite ému, vite oublié » ! 😉

    1. Un de moins à noter, c’est ça ? 😜

  5. keisha dit :

    Hé bien! Comme il n’est pas dans mon environnement, passons. Je vais bientôt parler de deux bouquins qui m’ont laissée sur le bord, ça arrive…

    1. Ou, il y a des livres qui ravissent, et d’autres qui énervent. Ça équilibre!

  6. On n’avait pas parlé de ce roman-ci aussi cet été ? Je pensais que tu l’avais apprécié, je lis que je me suis bien trompée !

    1. Non, je crois qu’on avait parlé de Tom l’éclair, non? Pour celui-ci, le début est attrayant, mais à force de faire du sur-place, on s’ennuie…

  7. manika27 dit :

    sans mauvais jeu de mot, ça aussi ça passera pas par moi !!! la couverture est tentante pourtant

    1. Le ton, le style sont vifs, mais si c’est pour faire du sur-place, quel intérêt ?

  8. krolfranca dit :

    Ca fait du bien de passer sur un blog et de ne rien noter en sortant !

    1. Oui, on se sent plus léger ! 😜

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