Un bon garçon

Dernier jour d’école primaire pour le jeune Mickey qui se réjouit déjà d’aller, l’année suivante, dans une grammar school, une école d’élite, loin de tous ceux qui ont jusqu’alors peuplé (et parfois pourri…) son quotidien. Mais il va vite déchanter en apprenant que son père a dépensé l’argent censé payer sa scolarité. Pour l’aider à traverser cette période de vacances qui s’annonce longue et désenchantée, ses parents lui offrent un petit chien, nommé Tueur.

Nous sommes à Ardoyne, un quartier difficile de Belfast, à la fin des années 80. Les « troubles », entre l’IRA et l’armée britannique, donnent lieu à des affrontements réguliers. Des bombes sautent, des types trafiquent des armes. Il faut être en permanence sur ses gardes, et éviter de se balader dans certaines zones. Le jeune Mickey, le bon garçon de la famille, coincé entre son grand-frère Paddy, au comportement imprévisible et suspect, et Maggie, la petite sœur qu’il doit surveiller, essaie de comprendre les mondes dans lesquels il évolue. Celui de ses congénères, dont il ne saisit pas toujours les codes et les implicites. Et celui des adultes, où les choses ne sont pas forcément ce qu’elles paraissent.

Rêveur, Mickey est sans cesse ramené à une réalité qu’il a du mal à interpréter. Mais il ne manque pas de ressources… que ce soit pour gagner un peu d’argent, embrasser les filles ou protéger sa mère.

Plein d’humour, tendrement décalé, doté d’un contexte social fort, ce roman de Paul McVeigh emporte le lecteur sans difficulté. Le contraste entre l’innocence de l’enfant et la réalité sociale et familiale autour de lui est souvent savoureux, parfois brutal… C’est un roman de formation, captivant de bout en bout. Son jeune narrateur laisse, une fois le livre refermé, un souvenir attendri dans le cœur du lecteur.

Encore une belle surprise des éditions Philippe Rey.

Un bon garçon, Paul McVeigh, éditions Philippe Rey.